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La technique

La technique

 

S’appuyant sur les travaux de préhistoriens (dont Leroi-Gourhan) ou d’historien des sciences et techniques (dont Bertrand Gilles), pour BS, l’hominisation s’est faite avec et par la technique : techniques matérielles, les outils, les machines, et techniques intellectuelles, l’écriture, les algorithmes, le dessin, … Inventés par l’homme, ces outils et techniques les inventent aussi en retour, les changent. (cf.l’expérience de l’écriture qui n’est pas un vidage de la pensée mais une création qui rétroagit sur la pensée, sur ce qu’on voulait dire).

 

BS, reprend des travaux de Jacques Derrida (avec lequel il a passé une thèse de philosophie) l’idée que toute technique est un pharmakon, à la fois un remède, un poison et un bouc émissaire.

Dans la conception la plus courante, la technique est neutre :  elle sera bonne ou mauvaise selon ce qu’on en fait. Chez Stiegler, (reprenant Derrida qui reprend Platon) : la technique n’est pas neutre : comme pour les ingrédients qui entrent dans les médicaments qui peuvent être –en eux-mêmes- dangereux, il y a des techniques qui peuvent être intrinsèquement dangereuses – on pense bien sûr au nucléaire ou à l’informatique). D’autre part, même si on l’utilise pour  "faire le bien", en tant que remède par exemple, on fera forcément aussi du mal : on espère simplement qu’on fera plus de bien que de mal (on sait combien les "effets secondaires" de certains médicaments peuvent être redoutables).

 

Cette métaphore du pharmakon sera développée par Alain Mallet dans la séance du 22 janvier 2018.

 

Dans sa conception de la technique, un thème cher à BS est celui de la désautomatisation. En effet, pour lui, l’automatisation est a priori positive puisqu’elle permet de faire des tâches automatisables à la place des hommes (cf. sa conception de la prolétarisation qu’il définit comme la réalisation par un humain de ce qui est réalisable par la machine). Mais pour lui, cette automatisation doit être suffisamment maîtrisée pour être dépassée, pour être désautomatisé. Un exemple qu’il donne est celui du musicien  instrumentiste, violoniste ou pianiste par exemple. On peut numériser une partition de violon et la faire jouer par un violon numérique : il n’y aura pas de fausses notes, le rythme est respecté, voire même les nuances (forte, piano, diminuando, etc.). Et le résultat sera bien ennuyeux ! Le rôle du musicien est justement d’introduire une interprétation qui lui soit propre. L’exemple est plus riche encore dans le cas du piano, où il y a une mécanique fort complexe entre le pianiste et les cordes : il y a là l'utilisation d’automatismes pour un résultat désautomatisé.

[Certaines séances des cours de philo de BS donnent une idée de ce que peut être une utilisation de l’informatique désautomatisée : ses notes de cours sont à l’écran de son ordinateur, de son clavier il commande la projection d’une image, le zoom sur un détail, l’écoute d’une musique ou phrase extraite d’une conférence, l’incrustation de l’image d’un interlocuteur éloigné, etc.]