Pour « éclairer » le fait religieux, « les Lumières » ne sont pas limitées à l’idée de « religion naturelle ». Celle-ci n’ayant d’ailleurs guère survécu au 18e siècle, n’est-ce pas essentiel aujourd’hui de considérer par quels gestes la raison peut se joindre à la foi dans les religions positives ? A partir des diverses positions défendues par les Lumières, on réfléchira à la façon dont différentes fonctions de la raison peuvent s’actualiser dans le contexte présent du « retour au religieux ».
Le pluriel du titre s’entend aussi du terme « religion » : christianisme et judaïsme ont historiquement été concernés par les « Lumières ». Mais surtout, parce que celles-ci naissent en Europe, faut-il voir en elles une « exception culturelle », imaginer que certaines religions particulières en seraient culturellement exclues – voire revendiqueraient d’en être exclues ? Cette question engage le débat difficile amené, ces dernières décennies, par des voix critiques mettant en cause l’universalisme même des Lumières comme une position de domination larvée de l’ « Occident ».
Charlotte Morel
(UMR Pays Germaniques,
ENS de Paris)