Bandeau 1500px logo 2

Pascal et les deux infinités

Intervenant: Alain Mallet

Mardi 3 Janvier

                         Pascal les deux infiniresPascal les deux infinires (120.35 Ko)

Si Pascal propose une manière originale de concevoir les relations de la raison et de la foi, son originalité réside aussi dans le fait que la prise en compte de la « double infinité » oblige à repenser la relation de la géométrie et de la raison. Et pour lui les deux questions sont liées. Aux « libertins », qui au nom de la raison, critiquent ceux qui croient pouvoir tenir des propos rationnels sur des objets transcendants et infinis, comme les « choses divines », Pascal répond en substance: « si vous voulez critiquer la religion, soyez d’abord rationaliste, et pour cela commencez à regarder comment les géomètres se servent de la raison, eux qui ont affaire à la double infinité ! Les théologiens n’ont pas le monopole de l’infini et de l’incompréhensible, qui sont déjà présents dans le raisonnement géométrique dont vous vous réclamez ! ».


Pour clarifier le sens de la relation « raison/religion », il faut d’abord clarifier le sens de la relation « raison/science ». C’est pourquoi dans les textes qui vont être étudiés il sera très peu question de foi, de religion. L’exposé consistera essentiellement à donner des indications pour lire avec profit le texte intitulé « De l’esprit géométrique » . Ce texte bref, une vingtaine de pages, où il est question des « deux infinités », est un très grand texte, où l’on trouve, à l’état implicite, des thèmes qui seront développés dans la Pensée 72B dite des « deux infinis », ainsi que dans la Pensée 233B, intitulée « Infini – rien » et dite « du pari ». On pourrait dire que tout Pascal est dans ce texte, mais on ne s’en rend compte que si on a lu les autres textes, et notamment les Pensées . Il y est question de la relation de la science, notamment de la géométrie, et de la raison humaine. C’est une des clés, il y en a une autre, pour entrer dans l’oeuvre de Pascal. Une réflexion sur « l’esprit géométrique » nous éclaire sur un usage possible et permis de la raison, dès lors qu’elle doit raisonner avec l’infini et que cette notion apparaît aussi dans d’autres domaines que celui de la géométrie.