LA QUERELLE DES UNIVERSAUX EST SANS DOUTE LE DEBAT LE PLUS IMPORTANT DE TOUT LE MOYEN AGE
Elle concerne le mode d'existence des idées générales ou "universaux . Par "universaux" on entend des termes qui s'appliquent à plusieurs individus comme "l'Homme", "le Triangle" ou "la Justice"..... Cette Querelle est lancée dans le monde latin par un passage de l'Isagoge de Porphyre de Tyr (IIIe siècle), dans son introduction aux Catégories d'Aristote. Il pose la question sans y répondre : les universaux sont-ils séparés des choses sensibles ou existent-ils en elles ? Pour le réalisme, l'universel existe (in re ), comme une nature commune partagée par les individus d'une même espèce. L'esprit humain l'extrait par abstraction pour en faire un concept (post rem). À l'opposé du réalisme, le nominalisme soutient que seuls les individus existent. Les concepts généraux ne sont que des étiquettes, des noms (nomina), des émissions de voix (flatus vocis) : il n'y a rien de commun dans la réalité entre les individus, si ce n'est qu'on leur applique le même mot. Le terme universel est alors un signe mental qui peut se substituer dans une proposition à une multitude d'individus.
Des positions intermédiaires, considérées comme plus subtiles, ont cherché à dépasser cette opposition : réalisme modéré, subtil (Duns Scot), nominalisme modéré, conceptualisme..etc.
Derrière toutes ces questions se cachent des enjeux théologiques, métaphysiques, épistémologiques et elles continuent d'alimenter les débats contemporains sur les relations fondamentales entre le monde, notre pensée et notre langage.

Dominique Crépin
Attaché administratif scolaire
et universitaire retraité